Sélectionnez votre langue

Accord Union européenne-Mercosur : quand l’Union européenne assassine l’Europe

 Depuis plus de vingt ans, la Commission européenne, qui a la compétence exclusive pour négocier des accords commerciaux avec des pays tiers, s'acharne à négocier avec le Mercosur un accord de libre-échange. Ursula von Der Leyen en a fait le grand œuvre de son deuxième mandat à la tête de la Commission.


L'argumentaire est simple : Avec les droits de douane du Mercosur supprimés en quinze ans dans la chimie, le textile, l'industrie pharmaceutique et l'automobile, dans la limite d'un quota de 50 000 véhicules, l'industrie européenne - mais faut-il lire "allemande" ? - sera la grande gagnante de l'accord. Quant au Mercosur, il profitera de l'exportation de ses produits agricoles et de la pêche, c'est-à-dire de la destruction de pans entiers de notre agriculture et de notre économie littorale.


Ce projet d'accord est emblématique des dérives européennes :

Emblématique d'une sacralisation idéologique du commerce international qui a dévoyé l'idée européenne. En quelques décennies, nous sommes passés d'un grand marché européen protégé des concurrences déloyales par des tarifs douaniers extérieurs à une ouverture systématique dont la Chine a pleinement profité.

Emblématique aussi du regard porté par la Commission européenne sur notre civilisation, nos pays et nos provinces réduits au rang d'unités économiques interchangeables dénuées de toute transcendance historique et culturelle.

Emblématique de la faute commise par la classe politique « de gouvernement » lorsqu'elle a consenti en 1994 à la signature des accords de Marrakech, coup d'envoi de la mondialisation à outrance.

Emblématique d'un déséquilibre financier croissant. Les Français auront sorti cette année 27 milliards d'euros pour les confier à la Commission européenne. Ils ne reverront la couleur que de 17 d'entre eux, laissant ainsi un pourboire annuel de 10 milliards d'euros indispensables pour faire tourner la machine bruxelloise. Quant au prochain paquet budgétaire, il évoque une contribution française annuelle de 35 milliards d'euros…

Emblématique, enfin, d'un rapport de force que la Commission estime désormais suffisamment à son avantage pour imposer à l'agriculture française un accord qui achèvera de la vider de sa substance.


Le moment est donc venu de dire « stop » à l'extension incontrôlée d'une administration européenne incapable de gérer comme le démontre, par exemple, le rapport accablant de la Cour des comptes européenne sur l'Aide au développement. Stop à l'hyper-inflation normative qui a largement contribué à notre désindustrialisation. Stop au démantèlement annoncé de notre agriculture pour convenir principalement aux intérêts industriels d'autres secteurs d'activités et d'autres pays. Stop, enfin, au pharisianisme de l'écoblanchiment. Car, préoccupée par l'incompatibilité de l'accord Mercosur avec l'Accord de Paris sur le climat, la Commission a assorti son texte d'une déclaration additionnelle sur l'interdiction d'importation des produits issus de la déforestation. Cet artifice est au droit ce que le cache-sexe est à la haute couture : une plaisanterie qui ne permettra jamais de bloquer la mise en œuvre de l'accord dès qu'il sera signé. De même, la Commission sait parfaitement que son projet favorisera l'agro-industrie et le recours par le Mercosur à des produits chimiques et phytosanitaires interdits sur le marché européen car nocifs pour la santé et l'environnement.


Il est temps d'ouvrir les yeux ! L'accord avec le Mercosur constitue un cas inouï de concurrence sociale et environnementale déloyale, ainsi qu'une atteinte majeure à la démocratie. Conçu en petit comité par des fonctionnaires européens et des représentants d'intérêts sans contrôle du Parlement européen, il est le banc d'essai d'une ingénierie politique qui empreinte beaucoup à Bismarck. Comme le chancelier prussien après l'unification allemande, la Commission européenne a vidé les compétences des États membres en les portant au niveau d'un nouvel empire qui produit une norme sans la consistance démocratique que confère la souveraineté populaire.


Il est capital de refuser la contrainte illégitime de cet empire du vide, sans autre cap que l'extension indéfinie de ses pouvoirs, et condamner son projet d'accord avec le Mercosur, fédéraliste et a-démocratique dans sa conception, libre-échangiste dans son contenu, et contraire aux intérêts des peuples. La France doit donc être ferme lors du G20 des 18 et 19 novembre 2024, quitte à aller enfin à la crise.


Si, pour Henri IV, Paris valait bien une messe, le prix de la trahison d'Emmanuel Macron au G20 serait cette fois disproportionné par rapport à son ambition de devenir, un jour, le premier chef d'un État européen fédéral.


Tribune collective des Horaces, Cercle de hauts fonctionnaires, d'universitaires, d'entrepreneurs et de penseurs réfléchissant auprès de Marine Le Pen, créé et animé par André Rougé, député français au Parlement européen, Délégué national à l'outremer du Rassemblement national.

Pascale Piera : Santé, défense, logement, « boucli...
Pierre Pimpie - 40 milliards d’effort fiscal deman...